
La ZAD de la Crémade, un lieu occupé par des opposants au projet d’autoroute A69 entre Castres et Toulouse, a été évacuée dimanche 22 octobre 2023 par les forces de l’ordre, qui ont interpellé neuf personnes et blessé légèrement six membres des forces de l’ordre. L’opération a commencé peu avant 13 heures, lorsque plusieurs dizaines de gendarmes mobiles en tenue anti-émeutes ont encerclé un groupe de maisons expropriées près du tracé de la future autoroute, où les militants s’étaient installés la veille en fin d’après-midi pour créer une zone à défendre (ZAD), à l’image de ce qui avait été organisé contre le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes près de Nantes. Les forces anti-émeutes ont aussi fait usage de grenades lacrymogènes pour disperser les manifestants dans une prairie jouxtant le groupe de maisons. Deux véhicules blindés, venus en soutien des forces de l’ordre, faisaient face aux manifestants scandant “No macadam, no macadam” et dont certains ont lancé des projectiles.
Le préfet du Tarn, Michel Vilbois, a annoncé sur Twitter que la ZAD avait été “dégagée” et que “l’État rétablit l’ordre républicain”. Il a également dénoncé “la présence d’éléments radicaux et violents” parmi les opposants au projet autoroutier. Le ministre des Transports, Clément Beaune, a quant à lui affirmé qu’il ne pouvait pas y avoir de ZAD sur l’A69 et qu’il ne voulait pas \ »un pays où l’on a zéro infrastructure, zéro projet et où, même avec des arguments valables, une minorité imposerait sa loi aux élus et à la majorité élue\ ». Il a également rappelé qu’il avait lancé une revue inédite des projets autoroutiers dont certains “vont continuer et d’autres seront abandonnés”, et dont il donnera le résultat dans quelques semaines.
Les opposants à l’A69 dénoncent un projet “inutile, coûteux et destructeur” qui va entraîner la disparition de terres agricoles, de zones humides et de biodiversité. Ils réclament un moratoire sur le chantier et la mise en place d’une commission indépendante pour évaluer les alternatives possibles. Ils ont organisé samedi une manifestation qui a rassemblé plus de 10 000 personnes selon les organisateurs, 5 000 selon la préfecture. Le cortège a été émaillé de violences, avec des jets de projectiles et des incendies volontaires visant des entreprises liées au projet autoroutier. Les militants ont lancé des appels à manifester samedi prochain, à Toulouse, en cas d’expulsion.
Les arguments contre l\’A69
Les opposants à l’A69 sont contre ce projet pour plusieurs raisons, notamment :
- Ils estiment que le projet est inutile, car il existe déjà une route nationale qui relie Toulouse et Castres, et que la circulation n’est pas saturée sur cet axe.
- Ils dénoncent le coût du projet, estimé à 1,2 milliard d’euros, dont une partie sera financée par les usagers via un péage dont le tarif serait de 10 euros pour un trajet simple.
- Ils s’inquiètent des conséquences environnementales du projet, qui entraînerait la destruction de 1 200 hectares de terres agricoles, de zones humides et de biodiversité, ainsi que l’émission de 150 000 tonnes de CO2 par an.
- Ils craignent que le projet ne favorise pas le développement des territoires ruraux, mais au contraire, qu’il accentue la métropolisation de Toulouse au détriment des villes moyennes comme Castres.
- Ils réclament un moratoire sur le chantier et la mise en place d’une commission indépendante pour évaluer les alternatives possibles, comme l’amélioration des transports en commun, le covoiturage ou le télétravail.
Les réactions des habitants locaux au projet A69
Les habitants locaux ont réagi de manière diverse au projet d’autoroute A69, selon les sondages et les témoignages disponibles. Voici un résumé des principales réactions :
- Une majorité d’habitants du Tarn et de la Haute-Garonne seraient défavorables au projet, selon un sondage IFOP commandé par des associations environnementales. Ils invoquent des arguments liés à l’inutilité, au coût, à l’impact environnemental et au déséquilibre territorial du projet.
- Une minorité d’habitants du sud-tarnais seraient favorables au projet, selon un sondage Odoxa commandé par des partisans de l’autoroute. Ils mettent en avant des arguments liés à la sécurité routière, à la désenclavement, à l’attractivité économique et à la modernisation du territoire.
- Certains habitants sont indécis ou indifférents au projet, estimant qu’il ne les concerne pas directement ou qu’il n’est pas prioritaire par rapport à d’autres enjeux locaux ou nationaux.
- Certains habitants sont mobilisés contre le projet, participant à des manifestations, des occupations, des actions de désobéissance civile ou des recours juridiques. Ils dénoncent un projet qu’ils jugent contradictoire avec l’urgence climatique et réclament un moratoire, une nouvelle étude socio-économique et un référendum local.
- Certains habitants sont résignés ou démoralisés face au projet, estimant qu’il est trop tard pour l’arrêter ou qu’il est imposé par le gouvernement et les élus locaux sans véritable concertation. Ils expriment leur colère, leur tristesse ou leur impuissance face à la destruction de leur cadre de vie.