Sheikh Hasina, de son nom complet Sheikh Hasina Wazed, est une femme politique bangladaise qui occupe le poste de Première ministre du Bangladesh depuis janvier 2009. Elle a également été Première ministre de 1996 à 2001. Elle est la fille aînée de Sheikh Mujibur Rahman, le père fondateur du Bangladesh et le premier président du pays.
Sheikh Hasina est née le 28 septembre 1947 dans le village de Tungipara, dans le district de Gopalganj. Elle a grandi dans une famille engagée politiquement, puisque son père était l’un des leaders du mouvement pour l’indépendance du Bangladesh, alors partie orientale du Pakistan. Elle a été témoin des violences et des répressions subies par son peuple lors de la guerre de libération de 1971.
Sheikh Hasina a fait ses études à l’Université de Dhaka, où elle a obtenu un diplôme en histoire et en sciences politiques. Elle s’est mariée en 1968 avec M. A. Wazed Miah, un physicien nucléaire. Elle a eu trois enfants : Sajeeb Wazed Joy, Saima Wazed Hossain et Sabih Wazed Putul.
Sheikh Hasina a commencé sa carrière politique en 1981, lorsqu’elle est devenue la présidente du parti Awami League, fondé par son père. Elle a mené l’opposition contre le régime militaire du général Ziaur Rahman, qui avait renversé le gouvernement démocratiquement élu après l’assassinat de Sheikh Mujibur Rahman et de la plupart des membres de sa famille en 1975. Sheikh Hasina a survécu à cette attaque car elle était en exil en Inde à l’époque.
Sheikh Hasina a été élue députée pour la première fois en 1986. Elle a été la chef de l’opposition parlementaire de 1986 à 1990 et de 1991 à 1995. Elle a participé aux mouvements populaires pour le rétablissement de la démocratie et la fin du régime militaire. En 1996, elle est devenue la Première ministre du Bangladesh après avoir remporté les élections générales avec son alliance.
Sheikh Hasina a mis en œuvre plusieurs réformes économiques, sociales et politiques durant son premier mandat. Elle a notamment signé le traité de paix de Chittagong Hill Tracts avec les groupes rebelles indigènes, qui mettait fin à un conflit armé de plus de deux décennies. Elle a également renforcé les relations avec l’Inde et d’autres pays voisins.
En 2001, Sheikh Hasina a perdu les élections face à l’alliance menée par le parti BNP (Bangladesh Nationalist Party) de Khaleda Zia, la veuve du général Ziaur Rahman. Elle est restée dans l’opposition jusqu’en 2008, malgré plusieurs tentatives d’assassinat et une période de détention sous un gouvernement intérimaire soutenu par l’armée.
En 2008, Sheikh Hasina a remporté les élections avec une large majorité et est revenue au pouvoir. Elle a poursuivi sa politique de développement économique et social, tout en faisant face à des défis tels que la corruption, le terrorisme, le changement climatique et la crise des réfugiés rohingyas venus de Birmanie. Elle a également lancé des procès pour crimes de guerre contre les collaborateurs du Pakistan pendant la guerre de libération, ce qui lui a valu le soutien des victimes et des nationalistes, mais aussi la colère des islamistes.
En 2014, Sheikh Hasina a été réélue pour un troisième mandat dans un scrutin controversé, boycotté par l’opposition qui dénonçait des fraudes et des violences. En 2018, elle a obtenu un quatrième mandat avec plus de 90 % des voix, dans un contexte d’accusations d’irrégularités et de répression contre les dissidents.
Sheikh Hasina est considérée comme l’une des femmes les plus influentes du monde. Elle a reçu plusieurs distinctions internationales pour son action en faveur de la paix, du développement durable, des droits humains et des femmes. Parmi ses ouvrages publiés, on peut citer : The Origin of Autocracy (1983), Why are they Street Children (1994), People and Democracy (1997), My Dream My Struggle (1998) et Development for the Masses (2009).
Les défis auxquels de Sheikh Hasina
Les principaux défis auxquels Sheikh Hasina est confrontée sont les suivants :
- La corruption : malgré les efforts du gouvernement pour lutter contre ce fléau, la corruption reste un problème majeur au Bangladesh, qui affecte la crédibilité et la légitimité du régime. Les critiques de Sheikh Hasina affirment que la corruption a augmenté au cours de la dernière décennie et que le gouvernement n’a pas pris de mesures décisives contre les individus corrompus.
- L’extrémisme religieux : Sheikh Hasina fait face à la menace du terrorisme islamiste, qui vise à déstabiliser le pays et à saper ses valeurs laïques et démocratiques. Le gouvernement a lancé plusieurs opérations de sécurité pour neutraliser les groupes radicaux, mais il doit aussi faire face aux sensibilités religieuses d’une partie de la population, qui peut être influencée par les discours extrémistes.
- Les droits humains : Sheikh Hasina est accusée de violer les droits humains de ses opposants politiques, des journalistes, des activistes et des minorités. Le gouvernement a recours à des exécutions extrajudiciaires, des disparitions forcées, des arrestations arbitraires et des tortures pour maintenir son pouvoir. Le gouvernement a également restreint la liberté d’expression et de réunion, notamment en utilisant la loi sur la sécurité numérique (DSA), qui est considérée comme un outil de répression.
- L’opposition ressurgente : Sheikh Hasina fait face à une opposition politique qui cherche à contester sa domination et à mobiliser ses partisans. Le parti BNP (Bangladesh Nationalist Party) de Khaleda Zia, qui boycotte les élections depuis 2014, a annoncé son intention de participer aux prochaines élections de 2024. Le parti BNP organise des manifestations et des rassemblements pour dénoncer les fraudes électorales et les violences du régime. Le gouvernement a répondu par la force et l’intimidation, en arrêtant des centaines de leaders et d’activistes de l’opposition.
Ces défis nécessitent que Sheikh Hasina adopte une stratégie politique qui soit à la fois ferme et inclusive, qui respecte l’état de droit et les principes démocratiques, et qui renforce la confiance et la coopération avec ses partenaires régionaux et internationaux.